Le coeur tambourinant dans sa poitrine, Athénaïs était enfin là où elle croyait que sa destinée l'avait menée, l'Académie Amshford. Elle était entrée dans l'établissement et se trouvait dans la cour. Là, elle détaillait les lieux : grand, imposant, d'un style très chic selon elle et surtout, plein d'élèves. Tous semblaient matures et calmes, et leur uniforme, mon dieu qu'elle le trouvait beau. L'élémentale d'air était persuadée que là, elle trouverait le grand amour. Tout semblait être fait pour cela, l'ambiance était propice, les lieux charmants...

L'école idéale, c'était ainsi qu'elle aurait pu décrire cet institut. Emerveillée par tant de nouveautés, elle trainait son petit sac contenant le peu d'affaires qu'elle avait, c'est à dire une robe, une brosse et quelques livres. En fait, elle avait préféré voyager léger, après tout, elle aurait tout le temps et le loisir d'acheter des robes, des bijoux et des livres ici, à Jakarta. Tout était parfait, même le temps : le soleil était radieux. Pour Athénaïs, tout était beau, joli, et surtout, tout le monde semblait irradier de bonne humeur, elle la première.

Un grand sourire se dessina sur son visage, néanmoins, elle avait un problème, et de taille. Elle était là, plantée au milieu de la cour, mais ne savait aucunement de quel côté où aller. Son sens de l'orientation laissant à désirer, c'était à peine si elle était capable de retrouver la porte par où elle était arrivée. Ne voulant pas se laisser abattre, elle allait se décider de demander à un élève de l'aider pour la guider. La jeune fille était néanmoins intimidée, tous ces gens semblaient hors de portée. Ce n'était pas habituel venant de sa part, elle tourna à droite et à gauche, jusqu'à trouver un élève qui semblait moins... moins radieux en quelque sorte.

En effet, cet élève était entouré d'une aura mystérieuse, et il était seul, laissant à supposer son côté solitaire, d'autant plus que son physique la confortait dans son idée avec ses cheveux de jais et surtout avec ses ailes de corbeau. Ces dernières captivèrent l'élémentale, elle les trouvait fascinantes. Revenant à la réalité après quelques secondes, elle prit une grande inspiration. Athénaïs décida de lui adresser la parole, à lui et pas un autre, peut-être parce qu'au fond, inconsciemment surtout, il lui inspirait confiance. D'un pas décidé, elle s'approcha de ce jeune homme.

"Excuse-moi, mais je suis un peu perdue" commença-t-elle, "Je suis nouvelle, je viens d'arriver et j'ai un sens de l'orientation assez... pittoresque."

Somnolent, Treize regardait dans le vide. Les cours étaient terminées depuis longtemps, et les élèves vaquaient à leurs occupations, se rejoignant pour la plupart en petite tribu d’initiée. L’Académie Amshford. Deux ans qu’il la connaissait, et deux ans qu’il n’avait parlé à personne. Enfin, presque personne. Non pas qu’il était associable, mais son aspect « sombre » le fermait des autres. Autres  qui, d’ailleurs, le regardait de travers, et parlait dans son dos. Comment ne pas avoir l’air sombre aussi, en vue de son lieu de naissance et de ses origines ?
Mai bon…là n’étais pas le problème. Mais tout était si lumineux à Jakarta. Chaque personne avait une destinée bien régler, et tous pétillait de bonne humeur. Il appréciait dans un sens, mais ce surplus de joie de vivre l’agaçait aussi, et il aimait à détaillé les passant en espèrent entrevoir leurs côté sombre. Il se sentit soudain las. Il lui fallait un vent de nouveauté, un brin d’air frais ! Il s’apprêtait à s’envoler quand une jeune fille aux cheveux bleus azur l’interpella soudainement :

"Excuse-moi, mais je suis un peu perdue" commença-t-elle, "Je suis nouvelle, je viens d'arriver et j'ai un sens de l'orientation assez... pittoresque."

Il cligna des yeux et détailla la nouvelle venue. Un vent d’air frai…cette fille irradiait de lumière, sans pour autant être éblouissante. Radieuse. Elle lui semblait sympathique. Treize sourit, replia soigneusement ses ailes, et demanda, mi amusé, mi embarrassé :

-Et ou veux-tu allez ? Je serais ravie de t’aider, mais je ne le peut, si je ne connais pas ta destination.

"Et ou veux-tu allez ? Je serais ravie de t’aider, mais je ne le peut, si je ne connais pas ta destination."

Athénaïs sourit bêtement, elle n'avait même pas réfléchit à la question. C'est vrai ça, où est-ce qu'elle voulait aller ? Elle était à l'académie, oui, mais après ? Se sentant soudainement bête, ses joues prirent une légère teinte rosée, embarrassée par la situation. Pourquoi fallait-il toujours qu'elle fonce tête baissée ?

"Là où les nouveaux doivent aller j'imagine..."

La jeune fille était tellement peu convaincante qu'elle ne s'était pas convaincue elle-même. Quelle idiote pensa-t-elle d'elle-même. Athénaïs soupira, avant de réfléchir un peu.

"Et si déjà, tu m'aidais à repérer un peu les lieux ? C'est pas une mauvaise idée ça ! En fait, si ça se trouve, je suis intelligente !" ria-t-elle.

En effet, Athénaïs ne se prenait absolument pas au sérieux et pratiquait énormément l'autodérision. Souvent, ça l'aidait à se sortir des situations qu'elle trouvait gênantes. En l'occurence, là, c'en était une. Elle ne s'empêchait pas de sourire pour autant, parce que oui, l'élémentale était rarement de mauvaise humeur alors bon, si elle n'était pas de mauvaise humeur, autant sourire. Ca ne coûte rien et ça fait toujours plaisir aux autres.

"Ouais. On va commencer par les chambres. Comme ça, tu pourras te poser un peu."

L'idée du jeune homme n'était pas tout à fait au goût d'Athénaïs, elle ne voulait pas se poser, elle avait trop d'énergie pour se poser. Après tout, ce n'était pas tous les jours qu'elle visitait un nouvel endroit. Elle prit une mine boudeuse.

"Mais moi, je veux pas me poser."

C'est en voyant le regard insistant du jeune homme vis-à-vis de son sac qu'elle finit par comprendre que ce n'était pas tant pour elle mais pour son sac. Elle se confondit en excuses et fit comme si de rien n'était. Elle se comportait étrangement, elle-même voyait qu'elle ne réagissait pas rationnellement et normalement. En tant que fille innocente, elle se mit à se faire pleins de films dans sa tête : et si c'était l'homme de sa vie ? Et si c'était ça l'amour ? Et si... Et si seulement elle gardait les pieds sur terre, cela éviterait qu'elle ne se perde dans ses rêveries inutiles et irréalistes.

Alors qu'elle suivait le jeune homme, elle ne fit même pas attention qu'il s'était arrêté et lui rentra dedans. Elle tomba lourdement à terre, lâchant un juron au passage. Athénaïs se releva et se frotta l'arrière-train, comme pour estomper la douleur.

"Mais qu'est-ce que je fous moi ? Argh, j'suis pas nette moi..."

Elle se parlait à elle-même, comme si c'était quelque chose de normal et naturel. Certains élèves passèrent et rirent à la voir ainsi, mais elle ne le remarqua même pas, trop occupée à se remettre de la douleur. Bien que ça ne soit pas quelque chose de fulgurant, Athénaïs était une fille très douillette, et un rien suffisait à lui faire mal. Ainsi, elle pesta contre la douleur quelques longues minutes, sans faire attention à son entourage.

Athénaïs fut très largement dépassée par la situation. Non seulement son guide improvisé avait changé trop soudainement d'humeur, mais en plus, il osait la laisser seule, en proie avec une parfaite inconnue. La situation avait tourné trop rapidement au vinaigre. Et sans plus attendre, et surtout sans donner plus d'explication, le brun s'envola en quelques coups d'ailes puissantes.

"Il est gonflé celui-là !" pesta Athénaïs.
"Il est comme ça, j'le connais pas plus que ça, mais y a pas de rumeurs qui courrent sur lui" expliqua la jeune fille.

La curiosité de l'élémentale fut tout d'un coup attisé par les dires de la jeune fille.

"Pardon ? D'abord, comment est-ce qu'il s'appelle, parce que bon, je ne connais vraiment rien de lui."
"Lui, c'est Treize Sillver. Et apparemment, y a des rumeurs comme quoi c'est un ange déchû ou même un démon venu semer la pagaille parmi nous."

Athénaïs soupira. Elle détestait les "on-dit", mais n'aimait pas non plus qu'on la laisse comme ça, en plan, avec quelqu'un à qui n'aurait jamais parlé d'elle-même dans cette situation. Mais finalement, cette situation, c'était intéressant. Elle allait pouvoir bouger un peu. Un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de la jeune.

"Tu m'excuse, mais j'ai quelque chose à faire" déclara Athénaïs avant de partir à toute vitesse, portée par le vent.

La vitesse du vent, elle avait la chance de pouvoir la maîtriser, et surtout, elle ne se privait jamais de l'utiliser quand elle le souhaitait. Ni une, ni deux, grâce au vent qui lui soufflait par où passer pour rejoindre Treize, elle le rattrapa maladroitement manquant de renverser des gens.

"Désolée" s'exclamait-elle à tout va, mais peu lui importait. Elle voulait rester avec son premier guide, bien que peu bavard.

Allant bien plus vite qu'elle ne le pensait, elle rattrapa rapidement Treize, contente d'elle-même. Aussi, s'approcha-t-elle du jeune homme en ouvrant grand la bouche pour l'interpeller, sans doute un peu trop tôt et rapidement puisqu'elle se heurta à lui. Elle ferma les yeux, persuadée de toucher le sol et d'avoir à nouveau mal.

Pourtant, contrairement au sol raide et froid, une main l'avait aggripé et tiré vers le haut. Elle ouvrit les yeux pour faire face à deux orbes couleur menthe, une couleur perçante et fascinante.

"Fait attention. Tu aurais pu te faire mal."

Sa voix suave résonnait dans la petite tête d'Athénaïs. C'était quoi déjà ? L'amour ? La jeune fille n'en doutait plus, ça devait être ça. Pourtant, elle était bien loin de la réalité. L'empressement de trouver son âme soeur lui faisait oublier ce qu'était le véritable amour. Mais elle s'en fichait bien. Elle était tellement subjuguée par ses pensée, qu'elle ne remarqua pas même que Treize l'avait éloigné de la foule de curieux.

"Désolé de t’avoir emmené dans cette histoire. Même si je ne sais pas trop comment tu à fait pour me retrouver…euhhh…quel est ton nom ?"

C'est sa question qui la ramena à la réalité. C'était quoi son nom déjà ? Ah oui !

"Je suis Athénaïs, enchantée Treize."

Elle avait dit cette phrase avec un tel détachement qu'on aurait pu venir à se demander si elle était sincère ou non, seul son sourire franc et enfantin prouvait sa sincérité.

"Tu veux qu'on aille poser ta guitare ?" demanda-t-elle en montrant l'instrument que le jeune homme tenait "J'en profiterais pour poser mon sac aussi, comment faire d'une pierre deux coups !" s'exclama-t-elle sur un ton très enjoué.

Athénaïs suivit le jeune homme, marchant au même rythme que lui. Ni l'un, ni l'autre ne parla pendant le trajet, de toute façon, ce ne fut pas nécessaire. Le silence parlait de lui même et n'était pas pesant contrairement à certaines fois. Et puis la jeune fille ne ressentait pas le besoin de combler le vide non plus. Elle appréciait seulement ce moment de calme. En marchant, Treize lui posa une question.

"Tu à bien une chambre assigné n’est-ce pas ? Sinon, il te faudra trouver quelqu'un pour partager sa chambre avec toi le temps que tu est ta propre pièce a vivre."

La surprise se dessina sur le visage d'Athénaïs. Une chambre assignée ? Où est-ce que ça se trouvait ça ? Elle n'en avait aucune idée.

"Euh... On demande ça où ? Parce qu'en fait... Je n'ai ni chambre, ni personne avec qui partager ma chambre, enfin, moi je dis ça, je dis rien hein..."

Le ton de la jeune fille était fluet et discret à la fois à cause de l'embarrassement. Elle n'était même pas capable de s'occuper de tout ce qui était administratif toute seule. Après tout, elle était aussi impatiente qu'un enfant qui veut ouvrir un cadeau bien emballé en venant à l'Académie.

"D'ailleurs, je n'ai ni chambre, ni emploi du temps, je ne connais pas les cours, rien... J'suis une vraie touriste !"

L'élémentale sautillait comme une enfant, peu inquiète de tout cela, mais espérait quand même que Treize l'aiderait dans tout ce qu'elle avait à faire. Non seulement elle avait besoin d'aide, mais en plus, elle ne souhaitait pas être seule.

"Ca te dérangerait de m'aider et de m'expliquer un peu tout ce qu'il y a, style les cours, le genre de personnes que sont les professeurs et tout, et tout ?"