La ville haute. Cela faisait un moment que je n'étais pas venue ici, et je devais avouer que le lieu ne m'avait pas manqué. Ces gens qui regardaient les autres de haut, l'ignorance quotidienne, l'odeur du fric à profusion. Comment pouvait on aimer une ambiance comme celle là ? Alors qu'est ce que je faisais là me direz vous. Et bien c'était très simple. Je m'étais réfugiée ici sans même m'en rendre vraiment compte. Parce que, comme d'habitude, je m'étais attirée des ennuis. Je connaissais ça presque par cœur.
J'avais pourtant bien commencé ma journée. Un étage plus bas de la société de la capitale. N'allons pas jusqu'à dire que la population était plus aimable mais tout de même. Il y avait une différence entre les deux pans de la ville. Comme d'habitude, j'avais acheté un petit quelque chose à manger avec ma recette de la veille, puis j'étais partie à la recherche d'un petit endroit tranquille pour me produire en spectacle. J'avais trouvé une place dans une ruelle à l'allure un temps soit peu animée. J'avais rapidement installé mon matériel avant d'aller me changer pour ma tenue de scène. Vous savez, celle qui se compose d'une chemise rayée noire et rouge aux manches blanches, avec sur les poignets un alignement de six boutonnières dorés. Celle où j'ai à mon cou un foulard violet, les épaules recouvertes de deux morceaux de tissus en forme de triangles dont le côté gauche est rouge et le droit vert. Où ma taille est entourée de ces mêmes tissus de la même couleurs. Le tout avec un pantalon noir, dissimulé sous une paire de bottes, marron, montante jusqu'au trois quart du mollet et serrée par un lacet beige. Ce à quoi s'ajoute aussi, sous mon œil gauche, une étoile violette au maquillage, ainsi qu'un masque blanc serti de trois perles bleus bas de gamme, qui couvre la moitié de mon visage. Je commença ensuite mon show. Tours de passe passe de magicien de bas étage: carte, dés, foulard. J'avais toute la panoplie. Mais j'avais aussi mon petit atout. Mon "don". Sauf qu'au moment clé de mon spectacle, cela tourna au drame.
Enfin presque. La police de la capitale rôdait dans le secteur et j'attirais l'attention des passants. Et ça ce n'était pas bon du tout. Surtout que j'étais moi même recherchée. Pas spécialement dans cet endroit ci mais tout de même. Dès que les hommes de lois s'approchèrent un peu trop, j'attrapai mes affaires pour commencer ma fuite à travers la foule. Ce ne fut pas facile. Ils avaient l'avantage du nombre et les gens s'écartaient sur leur passage alors que moi je devais les bousculer pour me frayer un chemin. Et pis, ma tenue était beaucoup trop facilement repérable vu les guenilles des habitants. Ils gagnaient du terrain rapidement. C'était pour cette raison que je m'étais précipitée dans l'ascenseur qui montait à la ville haute. Les portes s'étaient refermées pile sous leur nez.
J'avançais dans les belles rues de la partie noble de la capitale, toujours en tenue de scène, ce qui me valait des regards plus qu'étrange de la part des promeneurs. Je ne resta pas longtemps dans cette tenue. Je savais très bien que la police d'en bas allait contacter celle d'en haut incessamment sous peu. C'est dans une ruelle totalement déserte, où je savais que certaines boutiques de vêtement jetés - gaspillés même - leur marchandise non vendus, que je me changea. Un t-shirt et une longue écharpe orange. Un veston bleu sertis d'épaule dorées cousus sur les extrémités et un pantalon du même azuré que le haut. Cela correspondait beaucoup plus à l'ambiance du lieu et je passais plus facilement inaperçu.
Je me baladais dans les rues bondées de nobles tout en restant sur mes gardes. Les flics pouvaient aisément se cacher parmi la foule aussi. Je finis par arriver dans un parc, beaucoup plus beau que celui de la ville Basse. Plus de fleurs, de verdures. Un vrai endroit convivial en somme. Je n'avais pas l'intention de traîner longtemps ici mais je n'avais pas vraiment le choix. J'avais su semer les policiers par chance mais qui sait combien de temps ils allaient encore me chercher ? Il valait mieux que je prenne mes précautions. Je ralentis un peu mon allure comme si j'étais une accoutumée des lieux. Sauf que je ne passai pas si inaperçu que ça puisque je sentis un regard lourd d'insistance dans mon dos. Je me tourna vers son origine pour croiser le regard d'une gamine, aux cheveux noirs et en vêtement de "pauvre". Qu'est ce qu'elle me voulait ?
- "
Oui ?"